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Joan Ayrton

Exposition personnelle "Fast Colour"

Du 14 mars au 2 mai
Galerie Florence Loewy
9, rue de Thorigny, Paris

Vernissage le samedi 14 mars de 17h à 21h

Tout se passe comme si la couleur que je vois était sa propre description. – Ludwig Wittgenstein, Le Cahier brun (1935).

Glissements sensibles de la couleur, glissements tactiles de la couleur, entre les mains, entre des gestes, entre des surfaces, entre des cadres, entre des espaces, entre des matériaux et des médiums, entre des déplacements et des circulations, entre des lumières naturelles ou artificielles, entre des paysages, entre les heures… Où est la couleur, en dehors du mot qui la nomme ? Où va la couleur ? Dans cette fugue des variables, dans cet arc des ressemblances fugaces, des nuances classifiées, des tonalités référencées. Aller chercher la couleur, aller prélever la couleur, quelque part dans les ressacs d’un paysage d’Islande ou de l’île de Stromboli, quelque part dans les plis souterrains d’un paysage d’eau, de roche ou de lave, quelque part dans la ville ou dans un verre industriel. Et puis, après, cette question à nous posée par Joan Ayrton : comment prendre la couleur ? Comment fabriquer la couleur ? Comment la fixer ? Comment la voir ? Comment avoir prise sur son insaisissable ? Il y a autant une lenteur qu’une fulgurance de la couleur. Le tableau monochrome, unique ou en diptyque, le film vidéo, la photographie, le verre lisse ou soufflé, le papier, tous ces matériaux et techniques utilisés par Joan Ayrton, sont-ils, chacun avec leurs propriétés, l’un des possibles ?

Tout se passe comme si cette « fast colour » que Joan Ayrton cherche à capter, à toucher, à voir, dans sa matérialité et dans ses imperceptibles, dans sa malléabilité et son atonie, dans sa reproduction mécanique, dans son éphémère présence et dans son image, était un défi et une tension faits à l’œil et au corps, un défi singulier au voir. L’exposition devient pour l’artiste, dans sa composition en six pièces – dont certaines nouvelles (Infra-red, Ways of Seeing et Colour is An Image), d’autres peu ou récemment montrées (Glass diptych, b & w colours, Poster) –, dans les mouvements qu’elle induit, dans les passages qu’elle opère, tel un petit traité des couleurs, intime, personnel, parfois autobiographique. Un petit traité des couleurs dans lequel passent, en hommage et en affinités, les figures de Leon Battista Alberti, de Wittgenstein, du critique d’art et écrivain anglais John Berger, du cinéaste Derek Jarman, auteur d’un Chroma – A Book of Colour (1994).

Fast Colour syncrétise et synchronise le moment de la couleur dans le travail à la fois pictural et photographique de Joan Ayrton. Parce que nous sommes dans des passages et dans des gestes, chromatiques et corporels, avec Infra-red, premier film réalisé par l’artiste, comme avec Ways of Seeing, série de photographies argentiques en noir et blanc. Les deux pièces faisant boucle et retour autour d’une même image d’horizon et de paysage marin : le film, tourné à la caméra numérique à l’intérieur d’un laboratoire de tirage photographique, la dévoile dans un rouge ouaté, dense, aux limites du pictural et du mental. Les photographies en proposant, par différents recadrages dus aux mains de l’artiste posées au moment de l’impression à la chambre, un regard nouveau et rétrospectif. Il s’agit bien de voir. C’est le rouge qui permet de voir ce qui est dans l’invisible ; ce sont les mains qui permettent de re-voir. Ce sont les quatre verres colorés soufflés de la série Colour is An Image, finement encadrés, qui grâce à une fabrication des couleurs par précise superposition de deux couleurs (vert et rouge, jaune et vert, bleu et rouge), réinterroge ce voir de l’image, de la couleur image. « Car à travers le verre on voit fluer l’image (..) » écrit le poète latin Lucrèce, dans son De rerum natura. Joan Ayrton propose cette expérience-là : la couleur est une image, et ainsi nous la voyons.

Marjorie Micucci


La peinture aujourd’hui

Jeudi 19 mars de 10h à 18h
La Terrasse - Espace d’art de Nanterre
Face au 4 boulevard de Pesaro, Nanterre

La Terrasse : espace d’art de Nanterre présente une journée de réflexions et d’échanges sur la peinture aujourd’hui en s’associant en particulier au réseau et programme de recherche créé entre diverses écoles d’art territoriales, nationales, européennes, universités et centres d’art : La peinture au moment du post-médium. Scènes de peinture, coordonné par Olivier Gourvil et soutenu par le pôle recherche de la Direction générale de la création artistique-ministère de la culture et de la communication.

Cette seconde table ronde réunit des artistes et un historien de l’art pour investiguer ce que peuvent être aujourd’hui de nouvelles formes d’expositions collectives de peinture dite « élargie ». Instabilités, troubles et glissements volontaires semblent être aujourd’hui les outils pour penser l’exposition collective autrement, pour en bousculer les codes. La discussion s’appuiera sur une expérience menée par neuf artistes d’Allemagne, de France et de Pologne, avec l’exposition Trouble in painting au centre d’art le BBB à Toulouse le 3 mars 2015 à l’initiative de Katharina Schmidt, sur les pratiques artistiques (picturales ou non) et curatoriales des artistes Florence Jung et Luc Andrié, tous deux établis en Suisse, sur celles de l’artiste Alexandra Roussopoulos, et enfin, sur les activités du jeune collectif IPN à Toulouse, représenté à la table ronde par l’un des artistes, Julien Alins.

Dans le cadre de cette journée de réflexions et d’échange sur la peinture aujourd’hui, Joan Ayrton assurera la modération de la Table ronde 2 autour de la problématique "Trouble in painting, instabilités picturales" qui se déroulera de 14h à 16h avec Florence Jung, artiste, Alexandra Roussopoulos, artiste, Julien Alins, artiste, Luc Andrié, artiste, enseignant et commissaire, Guillaume Durrieu, artiste, Hervé Sénant, historien de l’art et enseignant.

Trouble in painting

Jusqu’au 2 mai
BBB Centre d’art
96, rue Michel Ange, Toulouse

Avec Joan Ayrton, Emmanuelle Castellan, Jagna Ciuchta, 
Ursula Döbereiner, Guillaume Durrieu, Kerstin Drechsel, 
Friederike Feldmann, Henry Kleine, Katharina Schmidt

Aujourd’hui, quel genre de peinture, quel genre d’exposition produisons-nous, envisageons-nous, défendons-nous, à titre individuel et collectif ?
« Trouble in painting », à l’initiative de l’artiste Katharina Schmidt, professeur à l’institut supérieur des arts de Toulouse, est une exposition collaborative qui déplace les questions et notions de genre vers celles des pratiques picturales et curatoriales contemporaines. L’exposition produite par le BBB centre d’art s’inscrit dans le programme de recherche « Genre 2030 » de l’isdaT beaux-arts.