Séverine Hubard & Geog Ettl
Vue de l'atelier de Georg Ettl, 1988-1989
© Hadler
Jusqu’au 23 octobre 2010
Galerie Marion Meyer Contemporain
3, rue des Trois Portes, Paris
Les deux artistes se définissent comme sculpteurs. Les deux s’intéressent à l’architecture, soit pour améliorer l’espace comme le fit Georg Ettl dans l’église de Neuss, soit pour démolir avec jubilation le faux semblant des intérieurs préfabriqués, comme le montre le petit film de Séverine Hubard intitulé Trompe l’œil. Les deux artistes s’intéressent à l’espace public, parce que celui-ci devrait impliquer une réflexion sincère sur la politique, sur la démocratie, et sur le rôle, méprisé, qu’une pensée esthétique pourrait y jouer.
Georg Ettl est un artiste de son temps. Né en 1940 en Allemagne, il va suivre à la fin des années 50 une formation de dessinateur et de constructeur de machines outils à Détroit (USA), où il fait également des études d’art à la Wayne State University. Dans les années 60 il suit des cours de philosophie à la Sorbonne. Il est l’exemple même de l’artiste philosophe, multilingue et universaliste. En 1967 il participe à l’exposition « Others ideas », organisée par Sam Watgaff, avec des artistes comme Carl Andre, Dan Flavin, Richard Tuttle… A partir de 1974 il s’éloigne progressivement du système des galeries et se consacre de plus en plus à ses projets et à ses chantiers. Lorsqu’il reviendra à l’objet, avec l’Atelier Ettl, en 1996 ce sera pour offrir des réalisations simples et bon marché, des scènes de la vie quotidienne, des figurines de bois, des meubles, du papier peint, où l’ingéniosité technique de production est liée à un dessin qui conserve toutes les qualités spirituelles de ses œuvres monumentales.
Séverine Hubard est une artiste de son temps. Née en 1977 en France, elle aime dire qu’un « artiste doit bouger ». Ses premières apparitions dans des expositions mettent en avant un goût prononcé pour l’assemblage, le déplacement de point de vue, le dispositif et la relation. Si l’objet n’est pas absent de ses préoccupations, il n’est pas son souci essentiel. L’œuvre, chez elle, sauf en de rares occasions n’est pas fixée dans une forme. Destruction, reconstruction, transformation et actualisation nourrissent ses gestes. Et c’est bien là, avec les notions de projet et de chantier en regard d’une communauté, que s’articule une logique interne aux deux artistes. « Il est plus important aujourd’hui de s’occuper du monde visible » dit Georg Ettl dans un entretien accordé à Jean-Claude Lasserre (1), cette remarque ne devrait pas être démentie par Séverine Hubard.
S’il y a un aboutissement, chez Georg Ettl, ses productions sont parfaites, ce n’est pas une volonté formelle mais une exigence de simplicité et de clarté qui nous touche directement, de sorte que ses figures stylisées rejouent paradoxalement, pour nous, l’infini variation de nos humeurs.
Il y a des fêtes, de l’énergie, de l’intelligence à partager chez Séverine Hubard, et, s’il lui prend de fabriquer un objet, le geste dont il procède restera magnifiquement suspendu.
(1) Georg Ettl, art & architecture, entretiens, éditions Château d’Oiron et Script éditions 1997