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[ARC] "NUMERIK PRIMITIF"

EESI Angouleme /
2006-2007/ INFOGRAPHIE & MULTIMÉDIA

d.barthelemy at eesi.eu
 


<span style="font-weight: bold;">NUMERIK PRIMITIF
 

<span style="font-weight: bold;">Archives de l’année en cours
[http://www.eesi.eu/~arpentages->http://www.eesi.eu/~arpentages<br style="font-weight: bold;>



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style="font-weight: bold;"><br
style="font-weight: bold;">
ECOUTE/MACHINE,
dispositifs en attente
 :

Enterrons cette idée.

En pensant au rapport entre la machine et sa perception dans un
environnement donné, je suis en train d’imaginer un mode
d’action à expérimenter dans PLOT, une
manière d’inscrire une intention directement dans la
durée.
Nous avions évoqué le principe du
piège au début de PLOT, voici la proposition
d’une situation dont l’ossature est un piège. C’est aussi
une manière de revenir sur les TAZ et leur passé
dans la piraterie, comme si enterrer un trésor
c’était s’armer de temps pour combattre...

Pour cette journée PLOT, je propose que nous nous armions
d’un peu de temps pour enterrer des dispositifs soit actifs (en
attente) ou bien passifs (en attente d’autre chose), et penser,
discuter, s’hasarder dans une temporalité proche de celle de
la programmation, qui tente une incursion dans l’inconnu : le futur.
Programmer c’est enterrer du sens pas trop profond.

Qu’allons-nous enterrer ?
Pour combien de temps ?
Qui va le déterrer ?
Qu’allons-nous déterrer ?
Qui va nous déterrer ?
et ainsi de suite.

Voici d’ailleurs un début de réflexion soumis
à la communauté pour complétassions et
réfutations :

Cette proposition rend furtive une structure potentiellement active, et
pose la question de la perception d’une forme abstraite dans un
contexte. Cette perception à la fois naïve et
intentionnelle (pourrait-on dire ’disciplinée’ ?), je
propose de l’appeler "ECOUTE".
Le terme ’écoute active’ vient des propositions
expérimentales des compositeurs et artistes acteurs de ce
que Mickael Nyman nomme "musique contemporaine" (Morton Feldman, John
cage, Steve Reich,...) et de la prise en compte du public dans la
matière-temps de l’écoute. c’est d’ailleurs ainsi
que l’on peut considérer que l’on passe de la musique au son
(en pensant l’espace temps comme une matière à
part entière).
Cette notion s’étend pour moi bien au delà du son
à tous les domaines de perception en temps réel.
(pour faire vite)

Le dispositif enterré, toujours déjà
là, à la fois abstrait et actif répond
à une logique en attente. Il s’agit d’une sorte de
piège. Je propose ici de considérer ces attributs
comme constituant un début de définition de la
machine et ainsi d’appeler ce piège "MACHINE".
En lisant le très bon livre de Jean-Claude Beaune
"L’automate et ses mobiles", il me semble qu’il serait judicieux de
considérer ces pièges comme des automates (Il y a
ici une question d’échelle de la machine, ainsi, JC Beaune
écrit :"l’horlogerie mécanique et monumentale
n’indique pas le temps humain, elle le fait et le fait vivre")

En mettant en place cette machine souterraine, j’inscris dans un
contexte existant une mécanique qui doit réagir
à une situation pour se mettre en branle.
L’ensemble des contraintes qui la constituent impose un temps qui n’est
pas directement celui du lieu dans lequel nous sommes sensés
être. Ce temps est déjà
formaté par l’idée de retour, c’est un temps
abstrait, appliqué à une situation (ou la
constituant ?).

Pris dans cette machine, et n’ayant pas tous les
éléments en main, notre écoute est
ancrée dans un temps qui n’est déjà
plus le temps effectif du contexte dans lequel nous semblons
embarqués.
En ce sens, cette machine parallèle prend la main sur notre
temps de perception. Ce temps c’est précisément
le temps de la décision nécessaire dans une
écoute active, il constitue à ce moment
là l’espace de liberté, la durée
intentionnelle de l’écoute.
En jouant sur cette durée, la machine conditionne notre
écoute, fait du contexte un autre contexte, nous prend de
vitesse. La machine constituée ici, n’a pour but que de
pousser l’écoute un peu plus loin, stimuler les possibles
dans un contexte définit, repenser en acte la fabrication
d’une situation expérimentale et artistique.

Mais pour étendre le cercle des intuitions,
émettons l’hypothèse que le fonctionnement de
cette machine là ne diffère pas de celui des
autres machines qui nous entourent. J’englobe - ici un peu vite - dans
le lot des machines abstraites, les machine numériques, les
machines
économiques, les machines sociales telles qu’elles se
développent aujourd’hui dans un univers cohérent.
Cette réflexion me pousse à penser que le
contrôle du temps est un artefact nécessaire de la
machine.
En contrôlant le temps, en prenant de vitesse le sujet en
perception, les machines inventent un temps. Perpétuellement
nouveau, ce temps n’est plus le fruit de la rencontre du sujet et d’une
situation, disons "naturelle", mais une assistance dans la constitution
de la durée de
perception.

Une expérience artistique se construit, entre autres, autour
de l’écoute, en tant qu’elle implique le sujet dans un
rapport sensible et actif à la situation vécue.
Au cours de l’expérience artistique se joue bien une part de
notre liberté, cette liberté d’écoute
temporelle,
intentionnelle et naïve).
Sans cette prise en main du temps, l’expérience artistique
se trouve amputée de la part d’espace-temps normalement
concédée par le public. En ce sens, une piste de
réflexion sur le rapport écoute/machine nous
conduit vers une analyse politico-esthétique des temps
d’écoute et donc des libertés
d’écoute.

Il me semble que les machines environnantes (de la micro-informatique
à la macro-économie) offrent un champs infini de
terrains de jeux, de modèles à
implémenter, de défis à relever, mais
en contre-partie, contrôlent sciemment le temps de
l’expérience et conditionnent cette part temporelle de la
liberté.
Or c’est précisément la faculté de
forger son temps au fur et à mesure de
l’expérience qui ouvre la possibilité de
l’écoute. Et l’écoute reste (c’est à
prouver cela dit) au cœur de l’expérience
artistique.
Il me semble, en regardant la tendance dans l’art qu’il est
manifestement plus judicieux de comprendre la machine et de jouer avec
que de se ménager des temps d’écoute
(ça c’est dommage, on passe à
côté de quelque chose).

Plus généralement, on retrouve ce complexe
machine/écoute dans le domaine du travail et la
volonté descendante de contrôler le temps des
salariés par l’entretient de la surprise (contrat de travail
flexible ou la rupture de contrat peut se faire n’importe quand). En
prenant de vitesse l’individu, on lui enlève sa
capacité d’écoute, de décision, de
pensée.
 
Fabrice Gallis,<span
style="font-weight: bold;"> artiste
invité pour l’ARC.