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Les bandes dessinées du Nord

Les bandes dessinées du Nord

Conférence de Bjarni Hinriksson
Mercredi 7 Mars 2018 - 18h
ÉESI - Site d’Angoulême

L’auteur de bande dessinée Bjarni Hinriksson co-dirige le fanzine (GISP !) depuis 1990. Il présentera son travail, ainsi que la bande dessinée islandaise.
« Malgré la faiblesse de sa population (316 000 habitants), on publie énormément d’ouvrages en Islande, environ 1300 par an. « On a l’impression que la moitié de la population a écrit un livre, comme si les islandais étaient inspirés par les sagas vikings du XIIIème siècle, que l’écrivain José Luis Borges considérait comme les premiers romans. L’abondance des librairies à Reykjavik constitue la preuve de cette habitude » avance le journaliste britannique John Carlin, qui vient de terminer un reportage sur le pays.
Mais la bande dessinée a du mal à y trouver sa place. Ses débuts remontent 1924 avec la parution des trois demoiselles dans la revue Morgunbladid, souvent considérée comme la première BD islandaise. « Son auteur, Muggur était dessinateur, peintre et illustrateur mais pas un auteur de bande dessinée. » précise Bjarni Hinriksson, l’un des principaux auteurs du pays. Par la suite, la BD se développe dans les journaux et les revues humoristiques. A partir des années 70, les premiers albums (« Pierre et le robot » de Kjartan Arnórsson en 1979) et les premiers recueils de strips (« Bisi og Krimmi de SÖB », « Sigga Vigga » de Ástthórsson) sont édités. « Les sujets et les thèmes sont le quotidien, la mythologie nordique, les sagas et les contes islandais » précise Bjarni Hinriksson.
De nos jours, les bédéistes locaux se manifestent par l’exposition de leurs œuvres dans différents musées du pays, des conférences et des réunions. Deux festivals internationaux ont été organisés, l’un avec les pays nordiques en 1992, l’autre Atlantique (Scandinavie, Islande et Amérique du nord) en 2005. Trois revues se sont faites remarquer au cours des 20 dernières années. La très underground Bandormur (1987 – 1995) a servi de plateforme aux jeunes bédéistes et artistes en exposant leur travail. Les deux autres, Blek et Gisp « sont les deux plus grandes et longues séries de bandes dessinées en Islande, en terme de durée. Aucune autre n’avait atteint plus de 8 numéros » rappelle Ragnar Egilsson, journaliste spécialisé culture du quotidien Reykjavik Grapevine.
Gisp oscille entre le fanzine, très présent au début, et une formule mi-magazine, mi-livre professionnel. Il a été créé en 1990 par le très francophile Bjarni Hinriksson. « C’est en 1994 – 1996 que je mis sur pied le premier cours de ce type. » La quasi-totalité des autres dessinateurs mène une carrière en parallèle (peintre, illustrateur, etc.) et font de la bande dessinée quand un projet se présente. Cette confusion des genres peut se révéler bénéfique, comme le souligne Hinrikson : « L’absence d’un véritable marché de la bande dessinée en Islande – et par extension le métier d’auteur – a le bénéfice de brouiller les frontières entre les différents arts et moyens d’expression. Ajoutons à cela une très grande tradition littéraire couplée avec le développement tardif d’un art pictural et nous avons à la fois une méconnaissance des possibilités de la bande dessinée et une très grande liberté pour créer. »