Soirée d’études ILES
Soirée d’études ILES
Mardi 15 octobre 18h-20h
ÉESI Angoulême, salle aux colonnes
Le projet de recherche-création en bande dessinée ILES, les images liquides : écritures et systèmes de l’École Européenne Supérieure de l’Image, Angoulême et Poitiers, organise une soirée d’étude sur le thème de la création en recherche le 15 octobre 2019 de 18h à 20h sur le site d’Angoulême.
Invité.e.s : Luc Vigier, chercheur en lettres modernes, enseignant à l’ÉESI (Master bande dessinée) et à l’Université de Poitiers, Luc Cotinat alias Morvandiau, dessinateur de presse rennais et co-fondateur du festival Périscopages, doctorant à Rennes 2 et Marie Gloris Bardiaux Vaïente, autrice de bande dessinée, féministe et docteure en histoire.
Une image vient à dire la pensée avant même que les mots n’en formulent le sens : tel est le processus de construction du récit que l’autrice Marion Fayolle décrit dans les pages de son mémoire de fin d’études. Ses pantomimes graphiques se passent de mots et hybrident les figures pour composer des phrases visuelles. En bande dessinée, le visuel prime sur l’écrit, dont la fonction se résume parfois à un ancrage sémantique, à une précision d’ordre informationnel, voire à une ponctuation graphique comme pour les onomatopées de Yûichi Yokoyama.
Si l’on part du postulat que la bande dessinée est un langage, alors il convient d’admettre sa capacité à nous faire accéder à des concepts abstraits qui transcendent les univers fictionnels auxquels elle nous convie de prime abord. Le système visuel qui lui est propre dépasse les qualités didactiques évidentes d’un dessin assujetti à une fonction d’illustration.
Bien au contraire, en reversant la hiérarchie entre texte et image, en effaçant-même toute distinction entre le dessin et l’écriture comme le propose Tim Ingold, il devient possible d’entrevoir la puissance exponentielle des jeux de combinaison auxquels se prête la bande dessinée. Les tracés et leur mise en espace, les couleurs et les textures accompagnées,
ou non, d’éléments textuels : tout concourt à la mise en place de modes d’expressions se déclinant à l’infini des pensées singulières.
« Sans être pleinement acquise ou comprise aujourd’hui encore, l’idée fait peu à peu son chemin que l’imagination créatrice n’est pas seulement un mode original, mais le mode originaire de la pensée » souligne le philosophe Jean Lauxerois dans sa postface du catalogue Images de pensées.
La bande dessinée met pleinement en œuvre l’imagination créatrice par son système hybride qui se dérobe à toute généralisation. L’observation de démarches particulières semble ainsi la seule manière d’approcher
la complexité d’une création « en bande dessinée » qui accompagnerait, suivrait ou précéderait une recherche théorique sur cet objet.
Quelle nécessité impérieuse fait se tourner vers une pratique du dessin le chercheur en lettres modernes, spécialiste d’Aragon ? À quel appel répond le dessinateur de presse rennais et co-fondateur du festival Périscopages, quand il se lance dans la recherche universitaire ? À quelle intuition obéit la docteure en histoire et l’autrice féministe lorsqu’elle propose de mettre la bande dessinée au service de l’écriture scientifique ?