Conférence de Julien Bismuth
Mardi 28 Novembre 2017 - 18h
ÉESI - Site de Poitiers
Plateau vidéo - Rez-de-Chaussée
En 2016 et 2017, je suis allé à deux reprises en Amazonie avec l’anthropologue Marco Antonio Gonçalves dans la terre du peuple Pirahã. Je parlerai du projet qu’on est en train d’élaborer à partir de ce qu’on a pu recueillir lors de ces deux visites, ainsi que des Pirahã (leur culture, leur mode de vie, et leur situation actuelle). Ce projet est un projet en cours d’élaboration, un "work-in-progress", dont la progression est aussi celui du questionnement, des interrogations qu’il suscite et qui l’accompagnent.
Né en 1973, Julien Bismuth vit et travaille entre New York et Paris. Ses modes d’expression varient de la performance au théâtre, de l’écrit à l’oral, de l’objet au texte en les combinant fréquemment. Son travail alterne entre des oeuvres plastiques d’une esthétique souvent minimale et des performances dont il ne reste que le protocole ou des objets comme seules traces ou témoins de l’action. Dans L comme litote, par exemple, quatre actrices récitent le même monologue de six manières différentes alors que des objets, répliques des L-beams de Richard Morris, sont réarrangés sur scène autour d’elle ; acteurs et objets représentant les effets de perspective que provoque un changement d’orientation et de présentation. La préoccupation principale de l’artiste reste la même : il mène une réflexion d’envergure sur les conditions d’existence du langage et ses utilisations. Certains de ses travaux s’inspirent directement de concepts linguistiques et servent de cas pratique pour tester leurs implications, comme l’oeuvre Shifter (2010), inspirée du terme développé par Roman Jakobson, et désignant un mot renvoyant à sa propre situation d’énonciation comme « je » ou « ici ». L’artiste teste aussi les limites du langage, en faisant par exemple réciter un texte de Karl Krauss, connu pour son écriture fragmentaire, par un ventriloque dans la performance In dieser grossen Zeit (2011). Ces oeuvres remettent également en question le langage en utilisant d’autres moyens d’expression, comme le rire, l’attente, le silence et l’action en général. Elles visent en particulier nos automatismes et nos habitudes de langue et tentent de les éconduire à travers l’art. Au final, le travail de Julien Bismuth est un dialogue constant entre le texte, l’image et l’objet, un dialogue nécessaire pour appréhender ce qu’est le langage. Entre 2016 et 2017, il a eu des expositions personnelles à La Criée (Rennes), la Simone Subal Gallery de New-York et à la Galerie GP & N Vallois à Paris.
La vidéo de la conférence (connexion à son compte @eesi.eu obligatoire) :